Patchs : serons-nous demain tous « timbrés » ?

Ces petits carrés que l’on colle sur la peau n’ont l’air de rien. Pourtant, ils n’ont pas leurs pareils pour administrer certains médicaments. Les patchs – ou timbres transdermiques – libèrent en effet leur principe actif lentement, ce qui leur permet d’agir sur de longues périodes, parfois pendant plusieurs jours. Pas besoin de reprendre des comprimés toutes les 3 heures si l’effet doit rester constant…
Le patch, c’est quoi ?
« Le fonctionnement des patchs repose sur un principe simple », explique le Pr Antoine Coquerel, chef du service de pharmacologie du CHU de Caen. « Les petites molécules lorsqu’elles sont très concentrées sur un espace restreint diffusent à travers la peau, un peu comme l’humidité dans une pièce. » Le patch est donc composé d’une matrice – étudiée pour optimiser la diffusion du médicament – à laquelle a été associé un principe actif. Le tout est ensuite fixé à une surface collante qui permet à la matrice de bien rester en contact avec la peau… Il suffit donc de le placer sur son épaule ou sur sa cuisse et le patch fait le reste !
Patchs : des applications variées
Aujourd’hui, les patchs permettent de soulager la dépendance à la nicotine, les douleurs chroniques modérées à sévères, l’angine de poitrine*1… Sans oublier les timbres contraceptifs qui ont l'avantage de ne devoir être remplacés qu’une fois par semaine. Depuis quelque temps, un patch destiné à atténuer les symptômes de la maladie d’Alzheimer est également disponible.
Patchs : une pharmacie sur la peau
Les patchs n’ont pas fini de faire parler d’eux ! Ils pourraient d’ailleurs encore faire l’objet d’améliorations dans les années à venir, notamment grâce aux nanoparticules ou encore grâce à des systèmes électroniques innovants qui permettraient de porter en quelque sorte une partie de sa pharmacie à même la peau…
Nanoparticules : toujours plus loin !
Les nanoparticules, ces tout petits agents qui ne mesurent que quelques nanomètres (0,000000001 mètre), pourraient permettre à moyen terme d’améliorer le fonctionnement des patchs. Comment ? En ne délivrant par exemple le médicament que précisément là où il est nécessaire – dans le cœur par exemple – et pas dans tout l’organisme comme c’est le cas actuellement.
Patchs usagés : prudence !
Pour que le médicament diffuse correctement, il doit être très concentré. Lorsque le dosage du patch baisse, il devient donc moins efficace et doit être changé. Conséquence : les patchs « épuisés » contiennent toujours un peu de substances actives. La prudence est donc de mise avec certains patchs, comme les puissants antidouleurs ! Mieux vaut ne pas les jeter dans une poubelle mais plutôt les rapporter à votre pharmacien.
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Sources
Merci au Pr Antoine Coquerel, Professeur des universités-Praticien hospitalier et chef du service de pharmacologie du CHU de Caen, à Michel Puceat, Directeur de recherche INSERM, spécialisé en Physiopathologie du développement cardiaque à l’Université d’Aix-Marseille, au Pr Pierre Gianello, Professeur de chirurgie à l'Université catholique de Louvain (UCL) à Bruxelles, au Pr Zhen Gu, chercheur à l’Université de Caroline du Nord, à Marion Sausse Lhernould, chercheuse sur le projet ReMAID à l’Université Libre de Bruxelles, et à Fabrice Verjus, docteur en physique électronique et Président de BodyCap.
*1 Une douleur thoracique qui survient à l’effort peut être le signe d’une maladie cardiaque
