Comment lutter contre l’antibiorésistance ?

La découverte des antibiotiques au XXe siècle a été l’une des plus grandes avancées médicales de l’Histoire. Les dérivés de pénicilline (1), de tétracycline et d’autres substances antibactériennes ont sauvé et sauvent encore la vie de millions de personnes à travers le monde.
Malheureusement, l’âge d’or de ces médicaments a pris fin dans les années 80. « On pensait avoir résolu le problème des maladies infectieuses », explique Philippe Glaser, responsable de l’unité Écologie et Évolution de la Résistance aux Antibiotiques à l’Institut Pasteur. « Les firmes pharmaceutiques s’en sont désintéressées et n’ont plus investi dans ce type de recherches. » Résultat : plus aucune nouvelle classe d'antibiotiques n’a été découverte depuis le siècle dernier.
Antibiotiques : 20 ans d’immobilisme
Comment l’expliquer alors que des bactéries multirésistantes sévissaient déjà ? « À cause du coût de ces recherches, du temps qu’elles prennent et du marché des antibiotiques qui, malheureusement, n’est pas très rentable ! », répond le chercheur. En effet, entre la découverte d’une substance prometteuse en laboratoire et sa mise sur le marché, il peut s’écouler 10, 15, voire 20 ans. Il faut faire des études cliniques, tester le médicament sur des centaines de personnes pour évaluer son efficacité et déterminer ses effets secondaires. Ce qui coûte des centaines de millions d’euros. Tout cela pour un traitement qui ne se prend que quelques jours…
À la recherche de nouveaux antibiotiques
Heureusement, depuis quelques années, c’est reparti ! Face à l’augmentation lente, mais régulière des infections bactériennes résistant aux antibiotiques, les pouvoirs publics, les universités et le secteur pharmaceutique cherchent les moyens de faire face aux probables crises sanitaires qui nous attendent. De nombreux laboratoires étudient les bactéries et leurs différents mécanismes de défense, d’attaque et d’adaptation. Objectif : trouver de nouvelles molécules qui permettront de les contourner ou de les saboter.
Antibiorésistance : mieux utiliser notre arsenal
Une autre approche consiste à mieux utiliser l’arsenal thérapeutique dont nous disposons. « Ce qui passe d’abord par des diagnostics plus précis ! », explique Philippe Glaser. « Par exemple, avant de prescrire un antibiotique, on aurait tout à gagner à savoir exactement à quelle bactérie on a affaire. Cela permettrait au médecin d’opter pour un antibiotique ciblé plutôt que pour les médicaments à large spectre, qui favorisent l’antibiorésistance. »
Quant à la prévention, elle pourrait aussi être améliorée, notamment dans les hôpitaux. « On sait, par exemple, que le risque de développer une infection bactérienne multirésistante suite à une opération orthopédique est élevé. Or, on peut fortement diminuer ce risque si on décontamine les patients porteurs de bactéries multirésistantes avant l’intervention chirurgicale, avec un traitement préventif. »
Les différents antibiotiques
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Un antibiotique est dit à large spectre lorsqu’il s’attaque à des mécanismes communs à un grand nombre de bactéries différentes.
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Alors qu’un antibiotique à spectre étroit est plus ciblé et n’est efficace que contre une famille spécifique de bactéries.
Le conseil de votre pharmacien
Éviter les antibiotiques inutiles
Les angines font partie de ces maladies qui peuvent être causées par un virus ou par une bactérie. Dans le doute, certains médecins prescrivent des antibiotiques… qui s’avèreront inutiles si l’angine est d’origine virale ! Or, il existe un test angine, disponible en pharmacie, qui permet de détecter les streptocoques, des bactéries à l’origine de certaines angines devant être traitées par antibiothérapie.
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Relu et approuvé par : Comité éditorial Giphar
Mis à jour le : 01/03/2012