Conjonctivite allergique : quand les yeux s’enflamment…

Qu’est-ce que la conjonctivite allergique ?
La conjonctivite est une inflammation de la conjonctive, une fine membrane recouvrant la partie blanche de l’œil et l'intérieur des paupières.
Elle peut être due à une infection, une bactérie, un virus… mais aussi à une allergie. On parle alors de conjonctivite allergique.
Celle-ci survient lorsque l’organisme a été en contact avec un allergène, une substance considérée à tort par votre organisme comme dangereuse. Le système immunitaire, « paranoïaque », lance alors une réponse locale pour se défendre, qui provoque des symptômes au niveau de la conjonctive…
Les symptômes de la conjonctivite allergique
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démangeaisons, vraiment symptomatiques de l’allergie. Elles peuvent aller de la sensation de chatouillement intermittente à la nécessité impérieuse de se frotter les yeux
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larmoiement plus ou moins abondant
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rougeur de l’œil (vaisseaux visibles sur la conjonctive)
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gonflement du blanc de l’œil et des paupières
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des anomalies sous la paupière (visibles en la retournant)
Différents types de conjonctivites allergiques
1) Les conjonctivites exclusivement igE médiées
Ce sont les plus fréquentes (environ 90 % des cas). Elles sont dues à la production d’anticorps de type igE dirigés contre l’allergène. Elles sont souvent accompagnées d’autres manifestations allergiques : asthme, rhinite,…
On distingue
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des phases aiguës, où les manifestations allergiques sont intenses : œdèmes de la conjonctive, prurits importants, larmoiements, rougeur. Et ce, parce qu’il y a un contact avec une dose massive d’allergène
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des phases chroniques, où les manifestations sont discrètes : sensation de grain de sable dans l’œil, rougeur,…
En fonction de la récurrence de ces phases, on peut classer ce type de conjonctivite en deux catégories :
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la conjonctivite allergique saisonnière
La personne souffre de poussées aiguës à certaines périodes récurrentes de l’année, essentiellement lorsque l’air se charge des pollens des arbres et/ou des graminées qui tombent en masse. En dehors de ces périodes, les symptômes sont très discrets (de type chronique).
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la conjonctivite allergique peranuelle
Les symptômes sont discrets (de type chronique) mais ils sont constants tout au long de l’année car les allergènes en cause sont toujours présents : principalement la poussière et les acariens qu’on retrouve dans la maison, mais aussi les poils et les squames d’animaux ou encore des produits d’entretien…
On remarque toutefois parfois des épisodes aigus au printemps et en automne en cas d’allergie aux acariens car la chaleur et l’humidité sont propices à leur reproduction.
2) Les conjonctivites non exclusivement igE médiées
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Les kératoconjonctivites
Plus rares, elles résultent pour la plupart d’une réaction allergique faisant intervenir d’autres cellules du système immunitaire (lymphocytes, macrophages…), avec plus ou moins d’implication des igE en fonction des cas. Elles sont plus dangereuses car elles présentent une atteinte de la cornée (« kérato »).
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La kératoconjonctivite vernale touche surtout les petits garçons. Ils souffrent de photophobie intense (douleurs face à la lumière) et de fortes démangeaisons. Ils ont constamment l’impression d’avoir un corps étranger dans l’œil. Dans 90% des cas, elle disparaît après la puberté. Les symptômes sont présents toute l’année avec une recrudescence au printemps. Elle ne laisse généralement pas de séquelles.
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La conjonctivite allergique atopique touche surtout les jeunes hommes souffrant d’atopie (prédisposition génétique à développer des allergies) et elle est associée à d’autres signes d’atopie : eczéma, asthme,… C’est la forme la plus grave de conjonctivite : elle peut entraîner la cécité en cas de complications cornéennes.
Ces deux formes cliniques peuvent être aggravées par une allergie IgE médiée.
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Les blépharoconjonctivites allergiques de contact
Elles surviennent plusieurs jours ou heures après le contact avec l’allergène. Elles associent l’inflammation de la conjonctive avec une inflammation des paupières, sous la forme d’un eczéma.
Conjonctivite allergique : comment établir le diagnostic ?
Commencez par consulter un ophtalmologue. Grâce à son observation clinique de l’œil, il pourra déterminer si vous souffrez d’une conjonctivite ou d’une kératoconjonctivite.
Un interrogatoire sur vos symptômes, leurs conditions d’apparition et leur récurrence permettra de préciser le type de conjonctivite.
En cas de suspicion de conjonctivite allergique, il vous dirigera vers un allergologue qui va réaliser un bilan allergologique complet, sur base du pré-diagnostic établi par l’ophtalmologue:
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un nouvel interrogatoire pour essayer de déterminer l’allergène en cause
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des tests cutanés
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un dosage des médiateurs de l’allergie (notamment les igE sériques) dans le sang ou plus rarement les larmes
S’il a encore des doutes, l’allergologue pourra procéder à un test de provocation pour vérifier si l’allergène suspecté est bien celui en cause.
Compte tenu des risques en cas de kératocojonctivite, ce test devra être réalisé en consultation conjointe avec l’ophtalmologue.
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Rhinite allergique : l’autre rhume
Sources
Bruno Mortemousque, Conjonctivites allergiques, EMC - Ophtalmologie, volume 10 N°4, 2013
Article réalisé avec l’aide du Pr Bruno Mortemousque, ophtalmologue au CHU de Rennes

Relu et approuvé par : Comité éditorial Giphar
Mis à jour le : 20/11/2015