Pourra-t-on un jour guérir du sida ?

Dans les années 80, le monde atterré découvre le sida. Contracter le virus équivaut alors purement et simplement à un arrêt de mort. Les messages de prévention se multiplient mais rien n’y fait : l’infection se répand... « À l’époque, les prévisions pour les années à venir étaient alarmistes », explique le Pr Jean-François Delfraissy, directeur de l'ANRS, l'Agence Nationale de Recherches sur le Sida et les hépatites virales.
Trithérapie : des traitements révolutionnaires
Puis dans les années 90, l’apparition des trithérapies change la donne. Une véritable révolution ! Ces traitements permettent de contrôler la multiplication du virus et l’empêchent de détruire progressivement le système immunitaire de la personne séropositive. Aujourd’hui, l’infection mortelle est devenue chronique. À condition d’avoir accès au traitement et de le suivre scrupuleusement !
Ces trithérapies ont toutefois quelques inconvénients (diarrhées, problèmes cardiaques, …). Il s'agit de traitements lourds, qui ne sont pas dénués d'effets secondaires, et le risque que le VIH reprenne sa multiplication n’est pas nul... Raison pour laquelle de nouvelles molécules toujours plus performantes et moins contraignantes sont encore, à ce jour, à l’étude.
Vider les réservoirs
Les trithérapies parviennent à empêcher le virus de se multiplier en bloquant les mécanismes qui lui permettent de s’intégrer aux cellules de l’organisme. Mais des réservoirs « dormants » subsistent. Chez les personnes séropositives, l’ADN du virus est toujours présent dans certaines cellules mémoires du système immunitaire. Ces cellules peuvent être « réveillées » par une infection quelconque. Le virus du sida est réactivé en même temps et, en l’absence de traitement, l’infection peut reprendre de plus belle...
Pour éradiquer le virus, il faudrait donc parvenir à le dénicher là où il se cache. Plus facile à dire qu’à faire... « Nous devons trouver d'autres médicaments qui ne se contentent pas de cibler les enzymes viraux mais qui visent des mécanisme propres à l’organisme, qui permettrait d’activer ces cellules mémoires par exemple », explique le Pr Delfraissy. La combinaison des trithérapies et de ces nouveaux médicaments permettrait alors d'agir directement sur ces réservoirs, de les réveiller pour « purger » l’organisme du virus. Une dernière frontière thérapeutique à franchir pour enfin se débarrasser définitivement du VIH.
Le VIH/SIDA : repères
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Le VIH, le Virus de l’Immunodéficience Humaine, en se répliquant, détruit progressivement le système immunitaire de la personne séropositive.
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Lorsque le virus a affaibli les défenses de l’organisme, ce dernier ne parvient plus à se défendre contre des maladies qu’il combat habituellement facilement.
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L’apparition de ces maladies dites « opportunistes » marque le passage de la « simple » infection (séropositivité) au sida, le syndrome de l’immunodéficience acquise.
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