Des (nouveaux) virus et des hommes…

Au début des années 80, le monde découvrait un nouveau tueur de masse : le virus du sida (VIH). De longues années durant, et malgré les efforts de prévention, la maladie s’est propagée provoquant une pandémie. Plus de 30 ans après la découverte du virus, 34 millions de personnes ont été infectées. Bien que particulièrement spectaculaire, cette émergence d’un nouveau virus n’est pas un fait isolé. Entre 1940 et 2004, 84 nouveaux virus sont apparus.
De l’animal à l’homme
Mais d’où viennent ces nouveaux agents infectieux ? Ici, pas question de génération spontanée. Ces nouveaux virus préexistent en effet avant de contaminer l’homme. Ils peuvent par exemple être la « combinaison » de plusieurs anciens virus apparentés à des virus ayant déjà circulé chez l’homme – comme cela a été le cas pour la grippe AH1N1 – ou encore nous être transmis tels quels par un animal.
Édification d’un barrage, changements climatiques, urbanisation galopante des campagnes… Différents paramètres peuvent en effet pousser certains animaux qui n’avaient auparavant aucun contact avec l’homme à quitter leur habitat naturel et à s’installer plus près de la civilisation. Si les deux espèces se rencontrent, le virus peut passer d’un hôte à un autre ; de l’animal à l’homme. Les virus à l’origine d’Ebola et du SRAS proviennent par exemple de la chauve-souris via des espèces intermédiaires.
Virus : une capacité d’évolution
Pour pouvoir survivre chez son nouvel hôte, le virus doit toutefois s’adapter à son nouveau milieu. Comment ? En évoluant, tout simplement. Certains virus subissent de nombreuses mutations lorsqu’ils se « reproduisent ». Parmi ces nouvelles souches mutantes, certaines sont mieux adaptées à leur nouvel hôte – l’homme. Elles s’y développent donc plus facilement et prolifèrent alors que les souches originelles, moins bien adaptées, finissent par être éliminées. Un processus de sélection particulièrement efficace.
Vieux comme le monde
Mais pas de panique, ces nouveaux virus ne provoquent pas toujours des maladies aussi virulentes que le sida. Certains passent d’ailleurs inaperçus de longues années, tout simplement parce qu’ils ne produisent que peu de symptômes et sont découverts par hasard. Quant au passage du virus de l’animal à l’homme, il s’agit d’un mécanisme vieux comme le monde. La rougeole serait par exemple un dérivé de la peste bovine contracté par l’homme… au néolithique. Une vieille histoire donc !
Des superbactéries
Vous avez sans doute déjà entendu l’une ou l’autre mise en garde contre l’usage inconsidéré des antibiotiques. À la suite de mutations génétiques, certaines bactéries peuvent en effet développer une résistance à ces médicaments lorsqu’elles y sont confrontées. Les médecins doivent alors utiliser des doses plus importantes ou d’autres antibiotiques plus puissants… au risque de générer à terme d’autres résistances et de se retrouver sans arme face à des « superbactéries » devenues multirésistantes.
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Source
Merci au Dr Jean-Claude Manuguerra, responsable de la Cibu (Cellule d'Intervention Biologique d'Urgence) à l'Institut Pasteur.
