Fuites urinaires : et si on réparait la « tuyauterie » ?

L’incontinence à l’effort (IE)
Manifestations ? Des pertes urinaires lors d’un effort, sans envie préalable d’uriner.
Cause ? Ces fuites sont causées par l’élévation de la pression abdominale (activité physique, toux, rires, etc.) et résultent souvent d’un défaut du sphincter de l’urètre et/ou de la musculature du périnée.
Qui ? Essentiellement les femmes, car leur périnée est anatomiquement plus fragile. L’incontinence d’effort est favorisée par l’accouchement.
L’hyperactivité vésicale (HV)
Manifestations ? L’hyperactivité vésicale provoque des envies soudaines, pressantes (« urgenturies ») et fréquentes (« pollakiurie », plus de 8 mictions par jour) d’uriner, avec ou sans fuite. L’HV peut s’accompagner de nycturie, c’est-à-dire devoir se lever plusieurs fois par nuit pour uriner.
Cause ? L’hyperactivité vésicale est due à des contractions involontaires du détrusor, le muscle de la vessie.
Qui ? Les hommes et les femmes sont également touchés.
La première chose à faire quand on souffre de fuites urinaires est de repérer d’éventuelles mauvaises habitudes (boire trop d’eau le soir, uriner avant d’en avoir vraiment envie/besoin, etc.) et de les corriger.
Ensuite, le traitement de première intention est la kinésithérapie périnéale. Elle est d’ailleurs systématiquement proposée aux femmes qui viennent d’accoucher, car le passage du bébé fragilise le périnée, ce qui peut provoquer de l’incontinence à plus ou moins brève échéance. « Ce type de kinésithérapie consiste à muscler le périnée, soit de façon manuelle, soit avec de l’électrostimulation », explique le Dr Adrien Vidart.
« Ce faisant, vous pouvez mieux fermer le sphincter de l’urètre… et donc mieux contrôler vos mictions. » En quelques séances, et quel que soit l’âge, la kiné permet d’améliorer les fuites chez 60 % des patient(e)s.
Fuites urinaires : les médicaments
S’il n’y en a pas vraiment pour l’incontinence à l’effort, il existe par contre des médicaments pour traiter l’hyperactivité vésicale. Les anticholinergiques agissent sur la sensibilité de la vessie en inhibant les récepteurs qui déclenchent la contraction du muscle de la vessie et donc l’envie d’uriner. Bémol : « Comme tous les médicaments, les anticholinergiques peuvent provoquer des effets secondaires indésirables (constipation, sécheresse des yeux, de la bouche, etc.) qui, souvent, découragent les patients et les amènent à ne pas bien suivre leur traitement, voire à l’interrompre », explique le Dr Vidart. « Courant 2016, nous devrions voir arriver sur le marché français les bêta 3 adrénergiques, une nouvelle classe de médicaments, mieux tolérés. »
Fuites urinaires : les traitements chirurgicaux
En cas d’échec de la kinésithérapie et des médicaments, place à la chirurgie !
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Deux techniques permettent de rééquilibrer une vessie hyperactive. « La première est la mise en place d’une sorte de pacemaker à l’intérieur de la fesse, qui stimule les nerfs sacrés. Ce qui a pour effet de rééquilibrer les fonctions vésicale et sphinctérienne. La seconde solution est d’injecter de la toxine botulique dans la vessie, une à deux fois par an, ce qui réduit l’activité et les contractions indésirables des muscles vésicaux. »
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Contre un sphincter de l’urètre déficient (incontinence à l’effort), la principale technique consiste à placer une bandelette sous l’urètre, qui va favoriser la fermeture de la vessie par le sphincter et empêcher l’urine de s’écouler lors d’un effort, de toux, de rire…
« Chez la femme, on peut également placer un sphincter artificiel autour de l’urètre », précise le Dr Vidart. « Chez l’homme qui souffre d’incontinence suite à l’ablation de sa prostate (environ 10 % des patients opérés), on peut également placer de petits ballons ou un sphincter artificiel. »
L'hypertrophie bénigne de la prostate
Chez les hommes de plus de 60 ans, la cause la plus fréquente des troubles urinaires est l'hypertrophie bénigne de la prostate. Il s'agit d'une multiplication anormale mais bénigne des cellules de la prostate, ce qui entraîne une augmentation de son volume. Elle peut alors comprimer l'urètre et entraîner des symptômes urinaires : diminution du débit, difficultés à amorcer la miction et à vider complètement la vessie, envies répétées et impérieuses d'uriner y compris la nuit, faux besoins, incontinence, etc.
Plusieurs médicaments sont disponibles pour traiter l'hypertrophie bénigne de la prostate. Par ailleurs, un traitement chirurgical peut être proposé en cas d'échec.
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Relu et approuvé par : Comité éditorial Giphar
Mis à jour le : 01/03/2016