Médecine prédictive : stéthoscope ou boule de cristal ?

« La médecine prédictive nous permet de prévoir l’apparition de certaines maladies, de prédire leur évolution ou la réponse à certains traitements », explique Anne Cambon-Thomsen, immunogénéticienne et directrice de recherche au CNRS.
Du cancer du sein à la sclérose en plaques
« Grâce aux techniques d’imagerie nous parvenons déjà à faire des diagnostics très précoces. La mammographie par exemple nous permet de détecter un cancer du sein avant même l’apparition des premiers symptômes. » Autre exemple : le nombre de lésions cérébrales détectées grâce à l’imagerie par résonance magnétique (IRM) lors du diagnostic de sclérose en plaques – une maladie neurodégénérative qui touche 80.000 personnes en France – permet de prédire si l’évolution de la maladie sera plus ou moins sévère.
Des prédispositions dans les gènes
Mais l’avenir est à la génétique ! Les récents progrès en la matière devraient d’ailleurs faire exploser les possibilités dans les années à venir. Alzheimer, Parkinson, cancers, asthme, schizophrénie… Les mutations « prédisposant à » ou provoquant telle ou telle maladie sont aujourd’hui de mieux en mieux connues. Or, il est aujourd’hui possible de « décoder » les quelques milliards d’informations inscrits dans notre patrimoine génétique. Reste alors à faire la corrélation pour savoir ce à quoi nos gènes nous prédisposent.
Une révolution génétique
Aujourd’hui, interpréter les milliards d’informations que contient notre patrimoine génétique demande de faire appel à des outils informatiques complexes. Le coût de ces technologies devrait toutefois chuter dans les années à venir. Il sera alors possible de connaître à moindres frais les prédispositions génétiques d’une personne à telle ou telle maladie. Une possibilité qui devrait nous permettre de connaître dès aujourd’hui notre santé de demain.
Incontournable informatique
« L’ADN d’une tumeur contient plus de 3 milliards d’informations qu’il faut recueillir et interpréter », explique Laurent Alexandre, Président de DNAVision. « Il faudrait plusieurs années à un cerveau humain pour traiter un tel déluge de données. Le recours à l’informatique est donc devenu indispensable. Développer ces outils et les rendre plus accessibles est l’un des enjeux de la recherche de demain. »
Des gènes de susceptibilité
Dans certains cas une seule mutation suffit à augmenter le risque de développer une maladie (mucoviscidose, certaines mutations dans le cancer du sein…). Dans d'autres, il faudra la présence d'un ensemble de gènes dits « gènes de susceptibilité » pour augmenter le risque de développer une maladie, en interaction avec l’influence de l’environnement.
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Merci à Laurent Alexandre, chirurgien urologue, Président de DNAVision et auteur du livre "La mort de la mort", et à Anne Cambon-Thomsen, médecin, spécialisée en immunogénétique humaine et directrice de recherche au CNRS.
